maandag 15 december 2008
Départ Tour de France 2010 à Rotterdam
Le Grand Départ de la Grande Boucle 2010 aura lieu aux Pays-Bas et plus précisément à Rotterdam. Rotterdam a gagné cette élection d'une autre ville néerlandaise, Utrecht. L'organisation du Tour français destiné aux meilleurs ‘cyclosportifs’ (comme on dit en Belgique) continue à opter pour des départs en dehors de l'hexagone afin de populariser l'usage du vélo comme moyen de transport.
Cette information sur le départ du Tour de France, que je viens d’évoquer, provoque un effet de Petite Madeleine proustien au fond de moi : c’est en lisant cette nouvelle sur le web qu’«un plaisir délicieux m’avait envahi, isolé, sans la notion de sa cause. […] D’où avait pu me venir une telle joie ? » (Du côté de chez Swann, p. 44, Éd. Folio Classique). Ce n'est pas la première fois que le Tour partira aux Pays-Bas. Le départ à Rotterdam me fait surgir un événement du passé auquel j’ai assisté pendant ma puberté : le Grand Départ à Den Bosch en 1996. Mon père, amateur du vélo, et moi, jeune sportif de 14 ans (en fait, je faisais beaucoup de natation au lycée et collège, compétition, entraînement quotidien) nous sommes rendues à ville de départ pour nous approcher des idoles autant observés et analysés à la télévision. Et le lendemain du prologue, le peloton a pédalé à travers la province de Noord-Brabant, les cyclistes passaient même à Uden, à quelques rues de chez moi. Avec un peu de recul, je ne peux que dire que j'ai contemplé des tricheurs, car un grand nombre de coureurs de cette époque a avoué d'avoir utilisé des stimulants, y compris le gagnant de ce Tour, Bjarne Riis. Mais peu importe, j'étais saisi par le moment et je le suis encore à travers mes souvenirs! Ces souvenirs expliquent probablement la cause de mon plaisir délicieux, encore inconnue au premier abord.
Je relis les pages du site tourdefrancerotterdam.nl. « Il est temps que je m’arrête, la vertu du breuvage semble diminuer. Il est clair que la vérité que je cherche n’est pas en lui, mais en moi. » (Ibid, p. 45). Lorsque Marcel continue à tremper sa Petite Madeleine dans son thé, l’effet provoqué diminue, la sensation est moins forte qu’à la première gorgée. J’arrête aussi, comment appréhender ces pensées au passé ? Reflétant sur cette réflexion, je pense à Houellebecq : « l’homme est un adolescent diminué » (Extension du domaine de la lutte, p. 92, Éd. J’ai lu). Cette conception houellebecqienne de l’homme vise à montrer douloureusement que la période adolescente de l’homme entoure les moments les plus intenses de la vie, « c’est la seule période où on puisse parler de vie au sens plein du terme » (Ibid.). Le jeune se déchaine lors de sa puberté, physiquement, mais aussi mentalement, ce qui produit les sensations et les émotions les plus fortes et intenses. Après que le corps et le cerveau ont pris leur forme stable, durable, voir définitive, « les oscillations se font […] jusqu’à se résoudre en longues vagues mélancoliques et douces » (Ibid.). Devenu adulte, l’homme ne vivra les événements qu’avec une intensité plus douce, la densité de ses émotions s’avère plus soft. En m’auto-jugeant, la douceur m’est plutôt apaisante, mais la mélancolie ? Je ne me considère pas mélancolique, nostalgique, au plus, mine de rien. La puberté ne revient pas, il faut faire avec les souvenirs et les Petites Madeleines pour revivre les extases. Rendez-vous en 2010 à Rotterdam, sans spleen ?