maandag 29 december 2008

La Belgique : un pays pas comme les autres

En rentrant chez moi pour les vacances de Noël, je traverse le pays séparant la France des Pays-Bas : la Belgique. Je me suis permis de m’acheter un journal belge au bord de la route. Tout de suite je me suis retrouvé devant la problématique linguistique de ce pays : faut-il mieux acheter un journal flamand ou wallon ? Les journaux belges n’existent pas. La politique belge, pourtant, elle existe. Elle existe sans vraiment être là, elle est présente et absente à la fois. J’ai essayé de la retrouver par les traces de ses crises. Arrivé au bout du chemin des indices, j’ai constaté qu’elle a disparu. Au niveau national, le pays semble être ingérable. Pendant la période entre les différentes élections, les gouvernements n´occupent les sièges que pour chauffer les places pour leurs successeurs. Comment pourrions-nous comprendre cette malaise du pays des frites et de la mayonnaise ?

Les effets d’une politique fédérale à la belge
La Belgique est depuis 1980 un État fédéral divisé en la région wallonne, la région flamande et la région de Bruxelles-Capitale. Les régions se caractérisent par leur langue officielle et par leur pouvoir administratif. La région wallonne est française, la région flamande néerlandaise, la région de Bruxelles-Capitale bilingue français-néerlandais. Et n’oublions pas les soi-disant cantons de l’Est (9 communes dans l’Est du pays) qui sont allemands. Ces régions possèdent un pouvoir fédéral considérable. Un décret voté au Parlement régional wallon par exemple ne peut pas être contredit par une loi nationale belge – les compétences gouvernementales sont de même bien séparées. La politique nationale exerce surtout une fonction symbolique. L’objectif de la répartition en régions fédérales était de créer un modus vivendi administratif dans lequel les Flamands, Wallons et Bruxellois pouvaient tranquillement coexister et vivre ensemble. Or l’harmonie souhaitée se dissolvait dans une cacophonie dominée par trois voix chantant chacune sa propre symphonie. Mis à part l’équipe nationale de foot et le roi, les Belges ont peu de choses en commun. Un Belge moyen ne se sent pas belge, il est avant tout flamand ou wallon, l’identité belge ne lui dit pas grande chose. Tous les Belges ont le devoir d’aller aux urnes, la vote est obligatoire dès l’âge de 18 ans. La Flandre et la Wallonie disposent pourtant de leur propre système des partis politiques. Les voies politiques les plus importantes du pays sont celles des socialistes, libéraux, chrétiens-démocrates et verts. A noter que ces partis sont représentés dans leur région, en Flandre, en Wallonie et à Bruxelles. Ainsi, il est tout à fait possible que le socialistes flamands par exemple forment une coalition nationale sans leurs collègues wallons. Au niveau économique, la Flandre prédomine tandis que la Wallonie, très riche dans le passé grâce à son industrie et ses mines, cherche en vain à trouver des investisseurs dans la région. La culture flamande se distingue par la préférence des artistes flamands, les Wallons optent pour la création wallonne. Si la Belgique doit être représentée, par exemple pour la biennale à Venise ou pour le Concours Eurovision de la chanson, les flamands et les wallons s’alternent par année. L’enseignement se compose des écoles flamandes et wallonnes, même à Bruxelles. Souvent, les parents bruxellois envoient leurs enfants à une école flamande, la maîtrise des deux langues est une exigence pour trouver un emploi. Les élèves apprennent l’autre langue comme langue étrangère, pas comme (deuxième) langue maternelle. Les médias belges n’existent simplement pas. En 2006, la chaîne wallonne RTBF avait émis un documentaire dans lequel on affirmait la fin de la Belgique. Cette émission était considérée comme vrai et authentique par neuf téléspectateurs wallons sur dix, ignorant l’idée de zapper à la chaîne flamande pour vérifier les paroles. Je vous invite avec un sourire de revoir cette émission ci-dessous :


L’actualité belge
Actuellement, la Belgique n’a pas de gouvernement. Le roi Albert II a accepté le 22 décembre dernier la démission du gouvernement de son Premier ministre Guy Verhofstadt. Verhofstadt, chrétien-démocrate flamand, a été tenu responsable du gouvernement essayant d’influencer la décision du Tribunal pendant une affaire de la banque Fortis. La situation actuelle ne choque pas les Belges qui se sont habitués à l’absence d’une politique nationale. Après les dernières élections en juin 2007, les Belges ont attendu six moins avant qu’un gouvernement « transitoire » pouvait se former. Les différents partis flamands et wallons ne trouvaient pas de consensus. Un travail commun ne peut pas être effectué sans concession, que les partis des deux côtés n’étaient pas prêts à admettre. Après neuf mois, en mars 2008, le nouveau gouvernement s’installe et cette coalition tombe donc à l’aube de l’année 2009 par l’entrelacement du pouvoir exécutif et judiciaire. Le chrétien-démocrate flamand Herman van Rompuy a été nommé formateur du nouveau cabinet. Les médias estiment qu’il va tenter de composer un deuxième gouvernement transitoire réunissant les mêmes partis qui composaient l’ancien gouvernement : les chrétiens-démocrates flamands et wallons, les libéraux flamands et wallons et les socialistes wallons, en tête lui-même comme Premier ministre. Ce gouvernement chauffera les sièges des députés jusqu’au scrutin régional 2009, pendant lequel les Belges voteront probablement au niveau régional, national et européen.

Un exemple type esquissant le futur de l’Europe ?
En agrandissant le cadre belge, je pense à la situation européenne. L’Europe, comparable à la Belgique dans la mesure où les deux systèmes politiques impliquent des États fédéraux, connaît également une diversité énorme au sein du territoire. Les Européens se sentent d’abord attachés à leur pays, tout comme les Belges sont d’abord flamands ou wallons. Ce régionalisme domine dans le cœur européen et forme un obstacle difficile à passer vers l’unionisme européenne. Le système belge change du système européen dans le sens où la loi européenne domine sur la loi nationale d’un pays membre lorsqu’en Belgique la loi (nationale) et le décret (régional) sont sur un pied d’égalité. Ce qui n’empêche pas que le spectacle politique européen se passe très loin du citoyen européen, malgré le fait que les conséquences de la politique sont palpables dans la vie de tous les jours, pensons à la loi interdisant de fumer dans les espaces publiques ou à l’introduction de l’euro. Les Européens votent pour les membres du Parlement européen, mais le taux de participation à ces élections ne témoigne pas d’un grand intérêt des citoyens considérés : 39,1% aux dernières élections en 2004. L’Europe ne s’homogénéise pas par un équipe de foot européen ni par un journal européen. A travers la prépondérance des différentes directives européennes les hommes politiques européens cherchent à uniformiser les pays membres. Le projet de la Constitution européenne a pris du retard considérable, mais ce n’est qu’une question de temps s’il ne tient qu’aux hommes politiques des différents pays membres. La politique belge nous apprend qu’un système administratif fondé sur un pied d’égalité entre les pouvoirs régionaux et nationaux ne mène qu’à une fonction symbolique et « vide de contenu » de la politique suprarégionale. La grande question pour l’Europe est de savoir si de multiples entités hétérogènes peuvent vivre dans une coexistence harmonieuse. Avant de pouvoir répondre à cette question sociopolitique, il faut donc éviter que les pays s’organisent dans des ensembles collectifs dominant la tendance politique. Theoriquement cette situation indésirable n’est pas réaliste, car les représentants du Parlement européen se distinguent par leur couleur politique, la nationalité ou la langue importent moins. Au niveau pratique, chaque membre du Parlement européen peut se profiler comme une antenne de son parti national avec l'enchevêtrement des objectifs nationaux et européens comme conséquence néfaste. La comparaison avec la Belgique se met en place. L’Europe doit se battre pour prouver son droit d’existence. Son premier grand défi : un taux de participation élevé aux élections européennes en juin 2009. La Belgique doit se battre pour prouver son droit d’existence. Son premier grand défi : une baisse des votes pour les partis séparatistes flamands et wallons en juin 2009. Sinon, la Flandre et la Wallonie auront prouvé leur droit d’existence de nouveau, voir même définitivement et pour de bon.