maandag 22 februari 2010

La France devrait-elle se féminiser ?

Dans nos cours de civilisation néerlandaise nous parlons du modèle culturel du Néerlandais Geert Hofstede, ce qui explique que je ne veux pas vous retenir cet article du site rue89.com : « Plus l’encadrement est féminin, plus l’entreprise réussit ». Le texte présente sous forme de synthèse les conclusions d’un article de recherche qui sera publié dans le numéro d’avril du CNRS Travail, genre et sociétés. En gros, les entreprises « ayant un taux de féminisation élevé obtiennent de meilleurs résultats que d’autres ». La France, classée par Hofstede comme un pays à indice de féminineté moyen (IMA 43 ; 35e rang des 53 pays et régions étudiés), devrait-elle alors se féminiser ?

La définition de féminisation dont se servent les internautes se limite au taux de femmes dans l’encadrement de l’entreprise, tandis que Hofstede définit dans son ouvrage Vivre dans un monde multiculturel (1991) la féminité d’une culture en l’opposant à la masculinité. Une culture féminine est une culture où « les rôles [entre hommes et femmes] sont plus interchangeables ; hommes et femmes sont supposés être modestes, tendres et préoccupés de la qualité de la vie » (p. 113). Ainsi, dans une culture féminine, sur le lieu de travail, il importe moins de favoriser des hommes ou des femmes pour les postes de cadres, car les rôles sociaux des deux sexes se chévauchent, de sorte qu'un manager-homme ne se distingue guère d'un manager-femme. Ces pays dits féminins sont entre autres la Suède, la Norvège, le Danemark ou les Pays-Bas.

Une culture masculine se décrit à travers une distinction traditionnelle des rôles sociaux : l’homme est fort, doit s’imposer et s’intéresse à la réussite matérielle, tandis que la femme est tendre, modeste et concernée par la qualité de la vie. Les rôles sociaux entre les deux sexes sont nettement séparées dans une culture masculine. Cet écart peut mener à une complémentarité sur le lieu de travail : le manager-homme et le manager-femme représentent une diversité permettant de répondre aux attentes du personnel masculin et féminin. Les cultures nationales marquées par la masculinité sont le Japon et quelques pays européens : l'Autriche, l'Italie, la Suisse et l'Allemagne. Les pays anglo-saxonnes ont un indice de masculinité moyen, or, ils s'orientent davantage vers la masculininté que vers la féminineté.

L’article du rue89.com ne dit rien sur une augmentation du taux des femmes dans l’encadrement des entreprises françaises, il se limite à dévoiler la relation entre la réussite commerciale et la présence des femmes dans l’entreprise. Au premier abord les résultats de recherche ne permettent pas d’affirmer que les entreprises françaises se féminisent ni que la culture française est devenue plus féminine au sens "hofstédien". La France a-t-elle le devoir de se féminiser, étant donné que le succès économique des entreprises et l’occupation féminine des postes de cadres semblent être liés ? En suivant la logique de Hofstede la réponse est NON ! La France devrait plutôt se masculiniser afin de parvenir à une situation culturelle où ressort la séparation des rôles sociaux des deux sexes. Dans une culture masculine, les rôles sociaux des deux sexes sont bien dinstincts, ce qui implique, par nécessité, la présence des managers-femme pour gérer le personnel-femme et des managers-homme pour gérer le personnel-homme. Le sexe est d'une moindre importance dans une culture féminine, car les rôles sociaux des hommes et des femmes se chévauchent dans ces cultures. Dans une culture féminine, la différence entre hommes et femmes s'efface comme à la limite de la mer un visage de sable, ce qui n'implique pas forcément un même nombre de femmes et d'hommes sur les chaises surélevées des maîtres nageur à la plage.

La question se complexifie en s'imaginant que toutes les entreprises aient le même nombre de superviseurs hommes et femmes : dans cette nouvelle situation, l'émancipation est bouclée, mais toutes les entreprises feraient-elles vraiment mieux ? Dans une culture masculine, peut-être, mais la France n'est pas une culture masculine, d'après Hofstede, qui a classé la France comme une culture plutôt féminine. Il est aussi possible qu'en réalité la culture française soit plus masculine que Hofstede veut nous faire croire. En outre, dans une France disposant du même nombre d'hommes et de femmes aux postes de cadres, le nombre de femmes dans une entreprise comme trait distinctif d'une société ne serait plus valable ; il serait par conséquence logique que d’autres critères concurrentiels influencent la réussite ou l’échec d’une société. Quoi qu’il en soit, pour le moment, une situation pareille demeure l’enjeu de notre imagination. J'attends le tsunami.

L1 UE 23 TP Expression orale

Les TP d'expression d'orale de l'UE 23 démarrent après les vacances de février :

TP1 : le jeudi de 15h à 16h dans la salle B 131.
TP2 : le jeudi de 16h à 17h dans la salle B 131.

Dates des cours : les 4, 11, 18 et 25 mars, le 1er avril et le 8 avril.